Histoire de cœur, inattendue ! Ils m’ont sauvé la vie !!!
1° séquence :
27 Avril 2021 : Comme tous les matins je viens d’aller chercher le pain. En chemin, subitement, j’ai des vertiges, je m’essoufle. Arrivé à la maison, Geneviève (ma compagne) et Gisèle (son amie) m’obligent immédiatement à m’asseoir. Examen de la tension 15/7 c’est beaucoup (par rapport à mon 13/8 habituel). On s’étonne surtout du 41 de rythme cardiaque. Certes je fus un sportif, mais à 83 ans c’est bien bas ! François arrive aussitôt et s’inquiète aussi : « Il faut appeler le médecin d’urgence », Nathalie (son épouse) appelle Madame L.P. ; mon nouveau médecin de Sébazac. Elle pourra me voir « dès demain, 10h 20 » !
2° séquence :
A l’heure dite, Geneviève m’amène à Sébazac. Je lui demande de m’attendre dans la salle d’attente, conscient de l’importance de la décision à prendre. J’évoque avec Madame L.P. les conditions des troubles survenus la veille dans mon comportement. Elle s’inquiète aussi du 41 et propose de vérifier mon rythme cardiaque. Résultat catastrophique : 30 une première fois, 35 la seconde !! Je lui demande sa conclusion : « C’est l’hôpital ! .. Immédiatement ! »
Elle téléphone au Docteur L.M, cardiologue, qui confirme et propose de me placer un pacemaker dans la journée ! Madame L.P. appelle le Samu .. Je demande d’avertir ma compagne.. Les pompiers et infirmiers arrivent en nombre .. Je suis couché, à demi-nu, sur la table, et réponds tranquillement aux questions des infirmiers.. Puis 6 personnes me déplacent couché, dehors, jusque dans le véhicule clignotant et klaxonnant..
3° séquence :
Dans le véhicule Pimpom (ou ping-pong) on m’entoure, on me pique, on me brassarde (on verra plus loin pourquoi ce néologisme est signe de mes préoccupation). J’exprime à voix haute pourquoi ce petit voyage m’étonne et me satisfait .. J’ai connu à Toulouse, Louis Lareng, le créateur du Samu, mais je n’avais jamais fait le voyage dans cette position ! ..
Du coup j’évoque l’importance de la psychologie de la Santé à Toulouse, à cette même époque .. Le voyage est court, nous voilà à l’Hôpital de Rodez ! Me voilà installé chambre 103..
4° séquence :
Les infirmières de service de Cardiologie (Directeur, Dr. Taha Hassani) me prennent en charge. Un jeune cardiologue m’explique l’origine de mes insuffisances cardiaques : le courant passe mal entre les oreillettes (en haut) et les ventricules (en bas). Il faut d’abord vérifier si on peut faire remonter le rythme cardiaque à partir de produits introduits dans le sang, avant de décider de placer une pile (pace maker). L’une des infirmières va prendre le relais. Elle me dit « votre cœur est têtu il ne veut pas bouger ! » (Il est comme moi, donc !). J’apprécie sa façon exemplaire de dire les choses, et je le lui dis, en ajoutant « j’ai l’impression, à vous écouter, d’entendre le petit accent de mes « copines » polonaises ! » « Mais vous avez bien entendu, je suis polonaise » (On me dira plus tard qu’elle s’appelle Barbara).
5° Séquence :
Il est environ 16h ce 28 Avril (précision, dans cet état je suis sans papiers et sans montre !)
La décision est prise, il faut me placer le pace maker ! Une infirmière me demande si je suis chasseur ?! Etonné et rieur, je lui réponds « Oui, chasseur de mouches ! », « C’est très sérieux, c’est pour savoir de quel côté on vous « ouvre » ! » : 16h 30, on me transporte dans un joli petit laboratoire dans lequel trône un gros appareil. On m’installe, couché près de lui.
Je serai opéré du côté gauche ! (Ils ont donc tenu compte que je suis chasseur !). On prépare l’endroit à ouvrir : « au creux de mon épaule gauche ». On me couvre le reste ; sauf les yeux (je pourrai voir mon cœur et ma pile sur l’écran). Je pense à la position de la femme enceinte en échographie (!!).
6° Séquence :
Le cardiologue de service (L.M.) m’explique à mesure ce qu’il fait, et me dit à mesure ce que je peux ressentir : « attention ça va brûler, ou c’est froid, ou vous aurez peut-être mal etc. » je sens qu’il commence à travailler mon épaule.. Je pense au boulanger pétrissant la pâte, mieux au sculpteur empathique ! .. Les membres de l’équipe discutent tranquillement avec l’opérant. A un moment, l’un d’eux s’inquiète de l’opéré : « il nous entend ! » je lui réponds « Oui je vous entends, je vais pouvoir raconter vos histoires ! » Trois quarts d’heures après (?) c’est fini, on me ramène sur fauteuil roulant ! Ils m’ont sauvé la vie avec chaleur, humanité et rires !
7° Séquence :
Il est des jours plus lourds en signification que d’autres ! Les séquences 2 à 6 concernent le seul 28 Avril. Je suis de retour à la chambre 103. Je retrouve Barbara .. Avant l’opération elle m’avait expliqué que j’étais à 40 de rythme cardiaque (RM) lorsque je parle ou que je bouge, mais qu’ensuite j’étais plus bas ! (Preuve qu’il faut parler et bouger !).. Après l’opération, j’attends qu’elle me dise combien je vaux de RM ?? .. Vous êtes à 76 ! OK, je suis donc bien ReMis !
8° Séquence :
La nuit du 28-29 va être difficlle : pas directement du côté du RM mais du côté de ses conséquences sur « ma » maladie. En 2002, j’ai de « l’eczéma de stase » me dit le Pr Bonnafé, des plaques rouges dans les jambes et danger de saignement à la moindre trop forte pression ou au moindre choc. Fin 2013, ce phénomène disparaît des jambes et se « reporte sur les bras » (?)
Mais revenons au présent ! par nécessité « cardiaque », les infirmières doivent fréquemment me « brassarder » pour le RM, ou me « piquer » au bras . Lorsqu’elles le font, elles voient l’état de mes bras et s’inquiètent.
Séquence 9
Depuis 20 ans, je suis passé maître dans l’art de me pommader les jambes puis les bras. Mais impossible pour les infirmières de le faire du fait de l’installation constante de cables à électrodes … Un infirmier amène un tube de la pommade utile et vérifie que le sang s’arrête (pour s’ôter un doute).. Il faut éviter les saignements provoqués par des pansements trop « collants ». Le 29 au matin, le Dr T.H. me rend visite avec le personnel. Je peux ainsi poser des questions à propos de la cardiologie. J’évoque aussi pourquoi je suis « dans de beaux bras » mais heureusement aussi dans de « bonnes mains » ! Claudine et Caroline, de service le 29 au soir, constatent de nouveaux dégâts et vont m’aider.
Séquence 10
Le 30 Avril au matin, le cardiologue (L.M.) m’informe que je vais sortir à 13h 30. Deux infirmières sont chargées d’enlever ce qui n’est plus utile sur mes mains ou mes bras. Je demande le prénom à la première : « Marion » me promet qu’elle va faire pour le mieux : elle m’enlève le cathéter et le plastic qui l’entoure, elle me retire deux pansements « problèmes » et me fait à la place des pansements plus aérés.
Je demande le prénom à la seconde, Fabienne doit faire un « brassardage » : elle décide de me le faire .. à la jambe droite ! (créativité bienvenue pour éviter que je saigne en partant). Elle
m’enlève enfin tous les pansements associés à la fameuse ouverture faite au « creux de mon épaule » .. Les séquences de 8 à 10 résonnent de l’hommage que je rends à toutes les infirmières de deux Services différents, qui m’ont soigné.
Pierre, comme participant-témoin !